L’INSTITUT de Jack Vance

…..dans la série des PRINCES DÉMONS

La série des Princes Démons est une œuvre majeure de Jack Vance et du domaine de la Science-Fiction.

Cet article traite d’un aspect sous-jacent du contexte dans lequel évoluent les personnages de l’œuvre : l’Institut, une organisation élitiste répandue sur tous les mondes humains. Ses actions sont connues mais ses motivations sont opaques ou peu compréhensibles et souvent critiquées.

Siudmak Vance Killing machine
Art. W. Siudmak – la Machine à Tuer 1980

Dans les romans des Princes Démons, Jack Vance nous fait connaître l’Institut en l’abordant de deux manières :
Premièrement par des textes introductifs en tête de chapitre (épigraphes) qui donnent un point de vue différent de l’action ou situent indirectement le contexte par des extraits d’interviews, citations de livres, article de journaux, etc… (ainsi que des notes de bas de page détaillant des aspects secondaires ou des termes exotiques) cette manière de procéder inaugurée dans cette série (les épigraphes constituent près de dix pour cent du texte total) deviendra une des caractéristiques de l’écriture de Vance.
Deuxième méthode, Vance fait participer -malgré eux- des personnages, membres de l’Institut, directement à l’action, dévoilant une part du mystère de cette organisation et de son action diffuse et discrète mais aussi parfois spectaculaire.

Cet Institut imaginé par Vance comme le grain de sable dans les rouages de la société est un concept séduisant (Frank Herbert, grand ami de Vance l’avait partiellement abordé en 1958 puis développé en 1964 dans sa nouvelle The Tactful Saboteur et développé plus tard dans sa série des « Saboteurs »)

On peut comparer l’Institut à une sorte de confrérie maçonnique aux motivations inversées. La Franc-maçonnerie, et l’Institut cultivent la discrétion et l’influence souterraine, ses membres sont nommés apprentis / catéchumènes, Maîtres / Dixade, Vénérable /Triune, leur philosophie commune étant de faire évoluer la société  – « évoluer » ayant un sens contraire pour chacune des deux.

Star King Spatterlight Press – art. David Russel

L’Œcoumène comme plus tard l’Aire Gaïane (Gaean Reach), sont des créations qui placent Vance dans une catégorie à part du Space-Opera, car cet environnement et ces mondes diffèrent complètement du courant habituel de la SF : pas d’ »empire galactique », pas de gigantesques batailles spatiales ni robots ou vaisseaux tueurs, tout chez Vance est à l’échelle humaine. La science est parvenue jusqu’au vol spatial évolué mais globalement tout parait figé et parfois régressif avec de nombreux mondes se contentant d’un niveau presque moyenâgeux dès que l’on sort du rayon de l’astroport.
Il est probable que Vance ait conçu l’Institut comme l’artisan -la cause et la justification- de cet état d’apparente stagnation globale.

L’Institut constitue donc la particularité la plus singulière de cet univers humain très stable ou tout progrès excessif a été sournoisement étouffé dans l’œuf.


[La Geste des Princes Démons]

Omnibus Princes Démons Livre de Poche- art: Manchu 2016

C’est une série de cinq romans de Jack Vance  parus de 1964 à 1981. En France la série a été baptisée « la Geste des Princes Démons » en référence aux « chansons de geste », récits épiques de l’époque médiévale


Les « Princes Démons » sont des criminels qui se sont associés (une seule fois) pour mettre à sac un monde agricole, la planète Providence, un monde de l’Œcoumène (ensemble des planètes humaines) et emporter sa population en esclavage. Le thème de la série est la vengeance d’un survivant – Kirth Gersen – qui poursuit chaque « prince-démon » dans toute la galaxie pour les mettre hors d’état de nuire.

Raid de Mount Pleasant – ill. Emsh

Ces romans sont traités comme des enquêtes policières sur fond de Space-Opera dans un univers SF, une quête vengeresse à la « Monte-Cristo » (Vance a lu et apprécié Alexandre Dumas).
Chaque volume est consacré à la traque de l’un des cinq princes démons :

Le Prince des étoiles (Star King, 1964), pour Attel Malagate dit « le monstre »
La Machine à tuer (The Killing Machine, 1964), pour Kokor Hekkus réputé immortel, humain en apparence seulement.
Le Palais de l’amour (The Palace of Love, 1967), pour Viole Falushe, esthète libertin et perfide.
Le Visage du démon (The Face, 1979), pour Lens Larque le répugnant Darsh.
Le Livre des rêves (The Book of Dreams, 1981), pour Howard Alan Treesong, mégalomane et impitoyable.


Le héros est Kirth Gersen, adolescent au moment du raid esclavagiste sur la colonie de Mount Pleasant, il a été élevé et instruit par son grand-père dans l’unique but de se venger. C’est un héros Vancien typique : Déterminé, rusé et compétent mais parfois désabusé ou mélancolique.

Art: Emsh pour Star King 1964

Le cadre se situe dans un avenir assez lointain (36ème siècle), dans l’Œcoumène : une civilisation humaine plutôt homogène éparpillée sur une centaine de planètes indépendantes et aux régimes très diversifiés, dans une partie de la galaxie, où la « paix galactique » est assurée par des organismes privés, principalement la CCPI (Compagnie de coordination de police intermondiale)* un O.N.G. qui fait appliquer les lois générales déterminées par l’association des mondes civilisés.

*EN: IPCC — Interworld Police Coordination Company: in theory, a private organization providing the police systems of the Oikumene specialized consultation, a central information file, criminological laboratories; in practice, a super-governmental agency occasionally functioning as a law in itself.

Art: David Russel 2012 Demons Princes Spatterlight Press

Les planètes faisant partie de l’Œcoumène ont une langue et une culture commune et l’environnement est relativement stable en partie grâce à l’influence de différents acteurs comme la corporation Jarnell qui a le monopole des moteurs spatiaux, la Ligue pour le Progrès Planifié, la CCPI et différentes entités Culturelles et Financières, les Universités, les Explorateurs et plus profondément « l’Institut« , une entité peu voyante mais omniprésente.
Hors de l’Œcoumène se trouve l’Au-delà, sorte de far-West où se réfugient les hors-la-loi et les extrémistes de tous bords.
L’Institut à un rôle important dans les trois premiers volumes de la série, aucun dans le quatrième mais majeur dans le dernier, le Livre des rêves.

A consulter: Un essai détaillé (trop volumineux pour cet article) consacré à l’Institut dans le cycle des Princes Démons et incluant toutes les citations mentionnant l’Institut dans les cinq romans du cycle – PDF (EN FRANCAIS) ici :

L’INSTITUT de JACK VANCE – PDF FR COMPLET


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