En 1967 les deux Jack obtiennent chacun dans leur catégorie le prix Hugo pour « Le Dernier Château » paru dans Galaxy en avril 1966. A cette époque Gaughan était l’un des artistes attitrés de cette revue. Sa collaboration avec Vance avait commencé en 1962 avec les Maîtres des Dragons, paru également dans Galaxy puis en poche en 1963. Ses dessins de « dragons » étaient particulièrement impressionnants et ont renforcé le succès de l’histoire .
En 1962, avant la parution de Dragon Masters, Jack Vance avait écrit à Frederik Pohl, alors éditeur de Galaxy une longue lettre explicative concernant la description de ses “dragons”. Jack Gaughan, en tant qu’illustrateur avait déja fait des esquisses et Vance les avait vues, ont peut supposer que Gaughan avait cependant demandé quelques précisions ou une confirmation que ses dessins étaient conformes à l’idée de Vance. Il y répond avec une précision spectaculaire.

Extrait : « Je pense que votre solution – la série de dessins représentant les différentes créatures de DRAGON-MASTERS – est optimale. En fait, c’est ainsi que j’espérais que la question pourrait être traitée, ma théorie étant que peu importe le soin avec lequel un objet est décrit, l’image résultante dans l’esprit du lecteur est toujours différente.
Je n’ai pas de recette précise pour ces créatures, à une exception près : une fois le Basic délimité, le reste doit être variations ou exagérations de ce motif « Basic ».
Quoi qu’il en soit, voici les bêtes, plus ou moins comme je les visualise : L’essentiel : à parts égales: insecte, reptile et extraterrestre absolu. Environ 1m60, debout sur deux pattes, peut-être à moitié portées par des membres du milieu que je qualifie de « polyvalents », c’est-à-dire utiles soit pour la préhension, soit pour la locomotion. Les « membres » supérieurs sont sensitifs[sic], filiformes : une main extrêmement allongée, avec de longs doigts sinueux et délicats. »
Etc..  la suite est une description minutieuse de chaque dragon et de chaque homme adapté par les basics et d’autres détails annexes.
* SOURCE: VIE Graphics Paul Rhoads

Excerpt: “I think your solution—the series of spots depicting the various beasts in THE DRAGON-MASTERS—is optimum. In fact this is how I hoped the matter might be handled, my theory being that no matter how carefully an object is described, the resultant image in the mind of the reader is always at variance.
I don’t have any precise recipe for these beasts, with one exception: after the Basic is delineated, the rest must be variations or exaggerations of this « Basic » pattern.
In any event, here are the beasts, more or less as I visualize them: The Basics: equal parts insect, reptile and the absolutely alien. About 5’6″, standing on two leg, possibly half-supported by middle members which I describe as « versatile’. ie: useful either for grasping or locomotion. The top « brachs » are sensative (sic), wiry: an extremely elongated hand, with long sinuous delicate fingers.”
Etc.. Etc… the rest is a detailed description of each dragon and man adapted by the basics and other ancillary details.

* SOURCE: VIE Graphics Paul Rhoads

Plus tard, dans des interviews, Vance a déclaré que ces dessins lui avaient beaucoup plu et même qu’il était persuadé – avec sa modestie légendaire – que c’est ce qui lui avait principalement valu à la fois le succès du roman et le prix Hugo reçu en 1963.
Gaughan continue à faire les couvertures des romans de Vance paraissant chez ACE jusqu’en 1966. Sa dernière couverture sera « The Faceless Man » dans « The Magazine of Fantasy and Science Fiction » en 1971.
Jack Gaughan était un artiste très apprécié, autant par les éditeurs que les fans, aujourd’hui il existe un « prix Gaughan » pour honorer sa mémoire – il est destiné à encourager les artistes émergents.