LA VIE par Unspiek, Baron Bodissey
Un personnage caché de Jack Vance
Avec « le Prince des étoiles» Jack Vance introduisait un nouveau style dans son oeuvre : l’incorporation de textes introductifs à ses chapitres ainsi que des notes explicatives détaillées dans les bas de page .
Ces textes sont présentés comme étant des citations, des extraits d’ouvrages fictifs, ou des articles de journaux, d’encyclopédies etc… . L’opportunité de ces encarts n’est pas toujours évidente au premier abord (à part les notes de bas de page), mais dans tous les cas, sous un style divertissant, ils donnent un aspect documentaire en décalage avec le récit. Ils sont parfois très longs : dans les cinq romans du cycle des Princes Démons la totalité de ces épigraphes et notes dépasse l’équivalent de cent pages soit plus de dix pour cent de la totalité du texte.
Les moments les plus caractéristiques sont les citations de l’encyclopédie en douze volumes « La Vie » du baron Unspiek Bodissey..
Certains ont pensé que ces réflexions reflètent généralement la philosophie de Vance et il est probable qu’elles s’en rapprochent mais comme elles font entièrement partie de l’œuvre fictionnelle elles ne peuvent pas être considérées comme plus révélatrices, pas plus que l’œuvre elle-même qui – selon Vance lui-même – n’a pas d’autre finalité assumée que le divertissement « intelligent » du bon lecteur (celui qui est sensé être lui aussi « intelligent »).
Finalement ces notes et textes engendrent une sensation de dépaysement historique et la légère rupture dans le récit permet de prendre un peu de distance et de replacer l’intrigue dans son contexte.
Cette « rupture » est cependant relative : le style est toujours bien Vancien et même exacerbé dans son ton indirect et un peu distant avec toujours sa pointe d’humour ou d’ironie: cet équilibre subtil tant apprécié de ses lecteurs.
Après les Princes Démons Vance utilisera le « bon Baron » comme source d’anecdotes ou de dictons notamment dans Cadwall, la Mémoire des étoiles, Escales dans les étoiles et sa suite Lurulu.
