The tavern landlord’s daughter
« Port of Call » et sa suite « Lurulu », parus en 1998 et 2004 sont les derniers opus de jack Vance : ils ont fait entrer sa virtuosité dans le XXIème siècle.
Judicieusement traduit en Français par « Escale dans les étoiles » par Arlette Rosenblum, nous sommes invités à suivre les tribulations de Myron Tanny, un jeune homme de « bonne famille » éduqué et plein de ressources, attiré par les étoiles, gages d’aventures, de découvertes, de mystères, de déconvenues et autres contrariétés : un authentique héros Vancien.
Comme le titre le suggère, chaque escale, chaque planète est prétexte à une nouvelle aventure ou péripétie, parfois cocasse, parfois dangereuse où même dramatique comme à Sholo l’astroport de la planète « Tierce » lorsque l’équipage du vaisseau marchand « Glicca », débarque pour aller se délasser -comme à son habitude- à l’auberge la plus proche, en l’occurence la « Taverne de la Joyeuse Chanson de l’Espace ».(Glad song tavern)
Cet épisode donne lieu à une scène d’un intensité dramatique au ton Shakespearien : dans la Taverne Myron s’intéresse à une serveuse à l’apparence différente du commun local, Il s’agit de la fille du tavernier, elle est jeune, assez réservée, jolie , réfléchie avec un brin de romantisme. D’abord réticente, elle semble finalement séduite et invite Myron à la retrouver dans sa chambre. Tout l’équipage ne manque pas de l’alerter sur les dangers possibles de cette entrevue, et le presse -en vain- d’y renoncer, en effet, les habitants de cette planète sont connus pour leurs mœurs sinistres :
« Ils se traquaient mutuellement pour le plaisir et le profit, écorchant leurs victimes, tannant leur peaux et exportant ces dépouille hors-monde »*(chapV).
Ses amis prennent même des paris sur l’issue de la rencontre…
Bien que très prudent, Myron reste entreprenant et la longue scène entre la belle (qui ne voudra jamais dire son nom) et Myron se révèle pleine de suspense voire angoissante et se conclut par un drame fatal : Myron tue in-extremis la jeune fille qui se préparait à l’empoisonner et dont dernières paroles théâtrales seront :
« Vous m’avez tuée, je meurs. »**. (chap.VI)
La conclusion de cette mésaventure est digne d’un épisode de Cugel : Myron, sans remord, déleste la victime de ses quelques « sols » pour rembourser le pari qu’il à -en conséquence- perdu !
Escales dans les étoiles et Lurulu regorgent de scènes similaires -bien que celle-ci reste une des plus marquantes.
On peut considérer ces deux romans comme des friandises.
En France on appellerait cela un « dessert » : final délicat et raffiné d’un long repas qui aura duré, dans le cas de Jack Vance, soixante ans, chevauchant deux siècles !
*« They hunted each other for pleasure and profit, flaying their victims, tanning the skin and exporting the pelts off-world »
** “You have killed me! I am dying!”
Désolé, j’ai juste survolé le texte car je n’ai plus aucun souvenir des livres. Mais je vais les ressortir. Merci pour la piqûre de rappel.
Normal il y en a tant! Cet article évidemment car je viens de relire ( pour la 4ème fois) Escales dans les étoiles. La première fois que je l’ai lu cela m’ a semblé moyen, lent, un peu en dessous de ce qu’il avait fait auparavant – mais aujourd’hui avec du recul et de l’attention, je m’aperçois que c’est le « haut du panier », c’est un pur divertissement subtil qui n’a pu être réalisé que par un maître au sommet de son art et dépourvu de toute considération commerciale ou même volonté artistique. (et je considère aussi le roman qui a précédé, Nightlamp, comme une apothéose).
Un avantage : la lecture d’escales dans les étoiles peut se faire tranquillement chapitre par chapitre , un peu comme les séries tv actuelles: il y a une vague intrigue générale et plein de petites saynètes indépendantes on est à 100% de plaisir de Lire.