Extrait d’un article de COSMOPOLIS de juin 2000 évoquant l’oeuvre de VANCE en Russie au travers d’une lettre envoyée par Alexander FEHT (traducteur russe, poète et compositeur) à Bob Lacovara (éditeur de la revue électronique de V.I.E.).
NB : les propos exprimés n’engagent que leur auteurs..
Alexander FEHT: « …. le piratage est la règle dans l’édition en Russie(1). C’est pourquoi j’aimerais traduire au moins une partie des livres de Vance en russe de manière légale et appropriée. En outre, la plupart des traductions de science-fiction actuellement publiées en Russie sont du type « pas cher et vite fait, c’est-à-dire de qualité médiocre. Une traduction correcte et bien écrite des livres de Vance serait un travail long, difficile et, très probablement, non rentable. Il le mérite cependant. Je n’ai lu en russe qu’une des premières nouvelles de Vance. Je crois qu’il avait été publié dans une anthologie de nouvelles d’auteurs de science-fiction dans les années 60, il y a plus de 30 ans. En règle générale, les œuvres de Vance n’ont pas été publiées en URSS pour des raisons politiques, car nombre de ses romans révèlent, d’un point de vue réaliste et désagréable pour les autorités, de nombreux détails déplaisants sur la société socialiste. Vance est le seul des écrivains occidentaux que je connaisse qui ait vraiment compris que le fondement du socialisme n’est constitué que de faiblesses humaines fondamentales (envie, ignorance, paresse, parasitisme et vol), grossièrement camouflées par une moralisation quasi chrétienne – et rien de plus. Parfois (en lisant Emphyrio, par exemple) je me demandais quelle expérience a permis à Vance, qui n’a jamais vécu dans une société purement socialiste, de comprendre si bien la laideur pathétique et le danger mortel de l’esprit totalitaire. La société occidentale est-elle déjà socialiste dans la mesure où les observateurs les plus sensibles et les plus intelligents peuvent décrire correctement ses dérives logiques ? «
(1) En 2020, en Russie on peut trouver tous les romans de Vance en ligne facilement et gratuitement – en Anglais – (Libgen).
Mais il semble peu probable que Vance aurait pu lui-même avoir des idées aussi outrancières , même en tenant compte qu’il n’était pas du tout favorable aux idées « socialistes ». ( l’Union Soviétique communiste -URSS- s’était disloquée en 1991 soit près de 10 ans avant cet article…)
BOB LACOVARA: » Il est très gratifiant d’entendre M. FEHT parler de la compréhension qu’à Jack des systèmes politiques. Cette observation corrobore ma thèse selon laquelle l’oeuvre de Jack transcende le genre dans lequel il est communément regroupé. M. FEHT, cependant, est plus généreux que je ne l’aurais été, en attribuant le fondement de la société socialiste à l’envie, l’ignorance, la paresse, le parasitisme et le vol : la liste des vertus (motivations) est bien trop longue, même en considérant que l’ignorance et la paresse soient endémiques partout, et en admettant que les autres dispositions énumérées soient négatives.. D’après les observations des dirigeants socialistes et en faisant des comparaisons avec les politiciens américains et leurs bureaucrates de carrière, on peut voir que le fondement premier du socialisme est carrément le banditisme. En revanche, pour leur défense, il semblerait que ce pourrait être une société des plus attirante, si l’on se trouve être l’un des bandits. Je suis sûr que Jack Vance, en décrivant correctement des systèmes pathologiques tels que le socialisme, se contentait d’extrapoler les observations de comportements marginaux du système politique dans lequel il vit.«
Galerie de couvertures d’éditions en langue Russe: