Ce site à pour vocation la célébration de l’écrivain américain Jack Vance, mon auteur préféré.
Par son style, Il peut être considéré comme un des auteurs américains majeurs du XXème siècle et ce, indépendamment des genres dans lesquels il a excellé : la Science-Fiction, la Fantasy et dans une moindre mesure le roman policier.
Vous trouverez ici une grande partie de ce que j’ai compilé depuis plusieurs années, pour mon intérêt et mon usage personnel: liens, articles, critiques, photos, illustrations, couvertures de livre, et à l’occasion quelques éventuelles observations ou appréciations personnelles.
Pourquoi est-il mon auteur préféré?
Je l’ai découvert pour la première fois en 1980, en résidence au festival de théâtre d’Avignon. Craignant de m’ennuyer ferme, j’avais amené dans mes bagages Un Monde Magique en livre de poche avec une magnifique et étonnante couverture de Philippe Druillet. L’ennui n’est pas venu, (de plus, j’y avais fait la rencontre de ma future épouse) mais j’ai tout de même commencé la lecture et j’ ai été stupéfait de ce que j’ai trouvé : un monde incroyablement différent, lointain, détaillé et plausible, des histoires dépaysantes sans vrais méchants ou vrais gentils, avec un texte fluide mais recherché, cela tranchait tellement avec la SF de gare (Fleuve noir) que je lisais plus jeune ou même la SF américaine de l’époque: Van Vogt, Asimov ou Dickson.
Depuis je n’ai cessé de lire du Vance et je me suis aperçu que c’était le seul auteur dont on pouvait lire et relire les oeuvres sans se lasser, aucun autre auteur ne fait cet effet là, même les plus grands – et il y en a!
Un exemple frappant, la première phrase de la nouvelle Les Guerriers Kokod:
« Assis sur la jetée de cristal, à Providence, Magnus Ridolph remuait son verre de Ruine Bleue.«
BIOGRAPHIE
John Holbrook Vance est né un 28 août 1916 à San Francisco. Son père étant souvent parti à l’étranger, il est élevé par sa mère Edith (née Hoeffler) avec ses trois frères et sa sœur, d’abord à San Francisco puis pour des contingences familiales dans la ferme de son grand-père, le green-lodge ranch à Oakley dans la vallée de San Joaquin. Il y passera une jeunesse « rurale » plaisante, à la découverte d’une nature qu’il apprécie. Cet amour du grand air, les arbres, les canaux et cours d’eau est un élément qui transparaît toujours dans son œuvre. Le week-end il avait l’agrément des visites hebdomadaires de son grand-père maternel Ludwig et de ses amis excentriques de San Francisco. Il lit énormément – tout ce qu’il trouve dans la bibliothèque très fournie de sa mère ou à la bibliothèque d’Oakley (ce qui n’arrangera pas ses futurs problèmes de vue); il apprécie les histoires d’Oz, tarzan et mars d’E.R. Burroughs, Jules Verne et P.G. Wodehouse et découvre les pulps de SF (Weird Tales et Amazing Stories) et notamment Clark Ashton Smith et Lovecraft – une inspiration pour sa future Terre Mourante. Suite à la lecture d’un ouvrage d’astronomie il se passionne pour les étoiles dont il apprend tous les noms et constellations, mais aussi pour la navigation sur les nombreux canaux et cours d’eau de la vallée (A dix ans Il construit son premier bateau). Il aime la musique et surtout le Jazz. Sa scolarité du primaire jusqu’au lycée est normale. Son père part au Mexique et les parents se séparent d définitivement.
Plus tard pendant la grande dépression la ferme est saisie par la banque et la famille doit s’installer à Oakley ; sa mère doit retravailler et lui-même fait des petits boulots d’abord comme groom à l’Olympic Club de San Francisco, ce qui lui laissera un très mauvais souvenir. Il est poussé par son oncle Charles Holbrook dans la prospection minière où il est employé comme manœuvre dans divers chantiers dans les montagnes de Californie. Ces emplois le métamorphosent, selon ses dires en quelques années il est passé d’un « petit intellectuel contemplatif à un jeune homme plutôt téméraire et habile de ses mains », (Biographical Sketch & Other Facts’, dans Jack Vance: Critical Appreciations And A Bibliography).
Cependant, conscient d’un certain manque au niveau social, à l’âge de 21 ans (1937) il décide de s’inscrire en 1ère année à l’université de Californie à Berkeley. Il étudie d’abord la physique mais change rapidement pour l’Anglais et rejoint l’équipe du journal de l’université, le Daily Californian, activité qui le passionne, Il y écrit des articles sur le jazz.
Au final, après quelques années d’une vie universitaire lassante, il décide de s’engager dans la marine comme « électricien » et part travailler au chantier naval d’Honolulu. La tentative avorte et il rentre à San Francisco (une semaine avant l’attaque de Pearl-Harbor!).
La guerre étant déclarée, il se fait embaucher comme élingueur au chantier naval de Richmond.
A cette époque Il s’achète un cornet à piston et s’exerce assidument à la musique
En 1943, pour éviter la conscription qui s’étend désormais aux sursitaires il s’engage comme matelot dans la marine marchande (Il triche au contrôle médical en apprenant par cœur le test de vision) et il embarque pour son premier voyage vers l’Australie.
Il passe toute la durée de la guerre sur des navires voyageant dans le pacifique. Ayant beaucoup de temps libre, il en profite pour écrire ses premières nouvelles : six histoires courtes qui donneront le recueil La Terre Mourante qui sera publié en 1950 ainsi que deux romans policiers (The Flesh Mask et Isle of peril)
Il débarque définitivement et s’installe provisoirement chez sa mère. Il réussit à se faire embaucher comme charpentier, métier qu’il apprend et apprécie. Il écrit sa première nouvelle publiée : The World Thinker.
Il rencontre Norma Ingold qu’il épouse peu après.
Les nouveaux mariés sont tous deux intéressés par la poterie ils décident d’ouvrir une boutique à San Francisco. Cependant l’affaire n’est pas rentable et doivent vendre. Norma l’encourage à écrire mais il doit travailler encore dans la charpente pour subvenir aux besoins du couple.
Ils emménagent avec leurs deux chats à Berkeley, Il est décidé à écrire « un million de mots par an » et écrit très vite plusieurs nouvelles dont « pas de veine » qui est remarquée par la Century fox qui lui propose d’écrire des scenarios ; Ils partent s’installer à Hollywood. L’expérience sera sans lendemain mais leur rapporte suffisamment d’argent pour organiser un voyage en Europe. Il publie aussi les premières nouvelles de la série Magnus Ridolph
Premier voyage : Ils embarquent à destination de Southampton pour une visite de l’Angleterre puis de l’Autriche où ils séjournent plusieurs mois, le temps d’écrire quelques nouvelles. Ils partent ensuite vers Venise puis Naples et enfin Positano où ils s’installent le temps de finir le roman « Les Vandales du Vide ».
De retour aux USA, Vance est contacté par son agent Scott Meredith qui lui propose d’écrire des scenarios (très bien payés) pour la série TV Captain Video and His Video Rangers. Vance et Norma partent s’installer à New York mais reviennent à Kenwood Californie après quelques mois. Le style trop ironique de Vance avait fini par déplaire à la productrice et leur collaboration cesse.
Publication en 1950 de The Dying Earth(Un monde Magique/la Terre Mourante) à partir des nouvelles écrites pendant sa navigation dans la marine marchande. Vance écrit Big Planet qui sera publié en version écourtée et expurgée en 1953 ainsi qu’une dizaine de nouvelles.
En 1952 Il est interviewé par un journaliste nommé Frank Herbert et deviennent amis.Les couples Herbert et Vance décide de partir au Mexique et créer un atelier d’écrivains au bord du Lac Chapala. Vance y commence l’écriture du roman Clarges (La vie Eternelle) et six nouvelles. Sans rentrée d’argent ils doivent retourner dans la région de la Baie (de San Francisco) et achètent un terrain dans les collines d’Oakland avec une cabane qu’ils entreprennent aussitôt de reconstruire et agrandir. En même temps il écrit un cour roman : Les maisons d’Izm.
Nouveau voyage : ils repartent pour l’Europe via le canal de Panama, arrivée à Lisbonne où ils retrouvent sa mère, elle-même en voyage puis continuent ensemble vers Ibiza où il doivent rejoindre des amis rencontrés au cours de leur précédent périple. Ils y séjournent quelques temps puis partent pour Marrakech, visitent l’Atlas et embarquent pour Ténériffe où ils louent une maison près de Las Palmas pour deux mois d’écriture et de plaisirs. Ils repartent ensuite vers Dakar où ils prennent le train vers Tombouctou, mais manquant de fonds ils s’arrêtent à Bamako et doivent reprendre l’avion pour la Californie.
En 1953 Publication de Vandals of the Void roman SF pour ado et cinq nouvelles. Au cours de ces années Vance retape sa maison et écrit surtout des nouvelles.
En 1957 c’est Les Langages de Pao, 3 nouvelles et 2 romans policiers.
En 1961 naît John le fils de Vance. A cette époque il devient l’ami de Poul Anderson qui lui fait rencontrer François Bordes, un écrivain Français connu sous le nom de Francis Carsac.
En 1963 on lui décerne le Hugo Award (1963) du meilleur roman de l’année pour « les Maitres des Dragons » (The Dragon Masters)
Troisième voyage, Ils partent pour Tahiti avec leur fils, ils résident dans une maison au bord d’un lagon paradisiaque. Vance y écrit Le Dernier Château. Retour vers la Californie en passant par l’Australie où il rencontre Bertram Chandler.
Vance décide d’entreprendre la construction d’une péniche avec Poul Anderson, Frank Herbert et un autre ami. Le projet abouti non sans mal et la péniche servira à de nombreuses sorties et promenades avec amis et famille dans la Baie pendant plusieurs années.
Sa nouvelle « le Dernier Château »(The Last Castle) obtient le Nebula Award de la meilleure nouvelle de l’année en 1966 et le Hugo Award de la meilleure nouvelle de l’année en 1967.
En 1968 il écrit « la planète de Sulwen » qui sera sa dernière vraie nouvelle car, pour des raisons essentiellement pécuniaires il préfère se consacrer à des récits de SF plus longs. (Dans les années 70 il écrira Rumfuddle Assault on a city et Freizke’s turn de longues nouvelles qu’on peut considérer plutôt comme des romans courts).
Quatrième voyage, cette fois ils prennent la voiture (une Volkswagen) et embarquent sur le France débarquent à Southampton et font un périple des Cornouailles jusqu’au nord de l’Écosse avant de repartir vers l’Irlande, ils louent un cottage dans l’ouest près de Galway. Vance écrit sans relâche.
Ils repartent quelques jours à Aix la Chapelle en Allemagne puis se dirigent vers le sud de l’Espagne pour rejoindre des amis à Torremolinos, pour se faire ils traversent la France s’arrêtent à Bordeaux pour voir François Bordes et visitent la grotte des Eyzies. Passés en Espagne ils font de même avec les grottes d’Altamira. Arrivés en Andalousie ils y restent quelques semaines puis repartent en direction de Corfou via la Dalmatie. Ils s’installent quelques temps sur l’île de Corfou pour travailler (il est en train de travailler sur Tschaï). Ils reprennent la route vers Istanbul puis les pays de l’est, l’Allemagne et Panama d’où ils rejoignent Oakland par la route Panaméricaine.
Dans les années qui suivent Jack travaille sur sa trilogie de Durdane et commence la série des Mondes d’Alastor. Il écrit aussi Les domaines de Koryphon.
En 1974 de nouveau en fonds, Vance se décide pour un nouveau voyage en famille (ce sera le dernier): direction l’Irlande puis Madère où Vance, Norma et John s’installent quelques semaines avant de repartir vers Le Cap par paquebot. Ils font du camping en Afrique du sud et Rhodésie puis embarquent sur un cargo à destination de Karachi pour continuer vers le Cachemire. Là ils louent une péniche sur le lac Nagin où ils s’installent pour travailler- Vance continue d’écrire aidé de Norma.
Puis traversée et visite de l’Inde jusqu’au Kerala ensuite en avion jusqu’à Ceylan où il rend visite à Arthur C. Clarke à Colombo. Direction Singapour puis Bali et l’Aventure à Bornéo.
C’est au cours de tous ces voyages que Jack Vance a produit une grande partie de ses grands romans : Clarges, Les Langages de Pao, Les Maîtres des Dragons, Le prince des Etoiles, Un monde d’Azur, Emphyrio, Tschaï, Les domaines de Koryphon, Marune, les Baladins de la Planète Géante.
En 1975 sa nouvelle « les 17 vierges » (The Seventeen Virgins) (publiée dans « Cugel Saga ») obtient le British Fantasy Award de la meilleure nouvelle de l’année ainsi que le Jupiter Awards — « for SF novels and stories, voted by instructors of SF courses in higher education ».
De retour à Oakland, il continue toujours d’aménager et agrandir sa maison ce qui ne sera terminé que vers 1980. Jack et Norma Vance organisent souvent des fêtes et réceptions avec leurs amis dont beaucoup de musiciens.
Pendant les années qui suivent Vance aura l’occasion de participer – parfois à contrecœur à de nombreux congrès de SF dans le monde entier, il continuera donc de voyager même avec son handicap visuel qui s’accentue avec l’âge.
Les Japonais lui décernent en 1977 le Seiun Award pour les œuvres de sf/f publiées au Japon, au cours du congrès annuel Japanese SF Con pour The Dragon Masters.
En 1979 il reprend la série des princes démons commencée en 1964 : il écrit le Visage du Démon (The Face). L’année suivante il s’achète un violier qu’il baptise Hinano (souvenir de Tahiti) et en 82 achève la série des Princes par Le Livre des Rêves ou apparaît Navarth le poète fou, personnage pour qui il a un attachement particulier.
Retour à la Fantasy en 1983 avec une suite de Cugel : Cugel Saga ainsi que le fabuleux premier volume de la série Lyonesse : Le Jardin de Suldrun . L’année suivante verra Rhialto le Merveilleux dans le monde de la Terre Mourante. (Certains chroniqueurs on fait remarquer que le retour de Vance à la Fantasy coïncide avec la montée de la SF cyberpunk qui vampirise alors la SF « traditionnelle ») .
Il reçoit le World Fantasy Award en 1984 pour l’ensemble de son œuvre.
Dans les années qui suivent Vance va terminer le cycle Lyonesse : La Perle Verte (1985), Madouc (1989) et il écrit une nouvelle série sur fond d’écologie, en trois volumes (4 en France): Les Chroniques de Cadwall avec la Station Araminta 1987, Bonne Vieille Terre 1991 et Throy 1992, World Fantasy Award (1990) Meilleur roman de l’année pour Madouc de la série Lyonesse. Hugo Award (1992) Meilleur roman de l’année pour « Bonne vieille Terre « (Ecce and Old Earth) de la série d’Araminta
À l’âge de 80 ans Vance produit La Mémoire des Etoiles un de ses romans de l’Aire Gaeane les plus longs et les plus achevés. Au cours de cette année il reçoit trois prix :
Le Nebula Award (1996) pour l’ensemble de son œuvre
Le Retro Hugo Award (1996) pour la nouvelle « le Penseur de Mondes »(The World-Thinker, 1945) (publiée dans « Docteur Bizarre »)
Le Prometheus Award (libertariens) (1988, 1994,1996) pour « Un Monde d’Azur »(The Blue World, 1965).
L’année suivante suivent deux autres prix :
Le Prometheus Award (libertariens) (1984, 1989, 1994,1995,1996,1997) pour « Emphyrio »
Et surtout le prestigieux SFFWA Grandmaster Award, pour l’ensemble de son œuvre
Deux ans plus tard Vance propose Escales dans les Etoiles un pur divertissement SF atypique dans lequel Vance prouve qu’il a atteint un « point de non-retour » en nous contant les aventures d’un groupe disparate de spationautes allant d’étoile en étoile, et cela sans le support d’une intrigue classique, et sans d’autre but que le plaisir du voyage et de la découverte.
Il vient en France en 1998 avec Norma et P. Rhoads pour recevoir le prix UTOPIA 98 pour l’ensemble de son œuvre.
C’est en 1999 qu’un groupe d’admirateurs de l’œuvre de Jack, entreprend d’organiser une organisation bénévole visant à collecter, corriger et numériser l’œuvre de Vance, le but final étant d’éditer ses œuvres complètes – entreprise unique en son genre car elle concerne un écrivain vivant. Ce projet est nommé Vance Integral Edition : VIE.
En 2004 Vance nous livre son dernier roman Lurulu, une suite littérale d’Escales dans les Etoiles, Il l’a difficilement écrit, par des moyens informatiques spéciaux car il est devenu pratiquement aveugle, le résultat est pourtant du même niveau que le précédent.
Le projet VIE est mené à son terme en 2005 sous la forme d’une édition de luxe de 44 volumes, imprimés et reliés en Italie, une majeure partie vendue par souscription préalable, le reste étant remis à des musées, universités et organismes divers.
La même année l’Emperor Norton Award lui est décerné « for extraordinary invention and creativity » pour Lurulu
En 2009 il publie son autobiographie : This is me, Jack Vance !, or more properly, this is « I » qui lui vaudra un HUGO Award l’année suivante.
Jack Vance nous quitte en 2013 à l’âge de 93 ans à Oakland.